Une forêt aussi vaste que celle de Tronçais
L’histoire de MEILLANT est profondément enracinée dans le vaste Massif Forestier de plus de 10 000 ha où est blottie la commune (pratiquement la même superficie que le massif forestier de Tronçais. NDLR).
Depuis des temps immémoriaux, les Meillantais ont puisé dans cette forêt les ressources indispensables à leur vie quotidienne :
- chasse et récolte des fruits ;
- pâturage des bestiaux ;
- défrichement autour du Bourg afin d’y développer l’agriculture ;
- enfin, récolte des bois indispensables aux besoins industriels (forges et haut-fourneaux) NDLR), ruraux et domestiques : construction et chauffage, le bois étant la seule source d’énergie connue jusqu’au XIXème siècle.
Ces activités désordonnées, et le plus souvent incontrôlées, contribuèrent largement à appauvrir ce patrimoine forestier, alors forêt seigneuriale durant l’ancien régime.

Devant la crainte de la pénurie, les droits d’usage des habitants furent cantonnés sur une partie limitée du Massif par acte du 29 avril 1614, permettant ainsi au restant de la forêt de se reconstituer progressivement.
Pendant la révolution, puis alors que Monsieur le Duc de Mortemart (Casimir de MORTEMART de ROCHECHOUART 1787-1875 ; NDLR) était propriétaire du Chef de Madame de SAINTE-ALDEGONDE, son épouse, la forêt usagère fut considérée comme communale et soumise au régime forestier.
Cette décision était dénoncée en 1831, Monsieur le Duc de Mortemart étant réintégré dans la propriété des bois usagers, à charge par lui de servir les droits d’usage dont ils étaient grevés.

Devant les abus qui suivirent, un nouveau cantonnement amiable fut tenté en 1839, Monsieur le Duc de Mortemart offrant aux usagers, en toute propriété les ¾ des forêts grevées de droit d’usage, cette offre fut rejetée.
Une instance en cantonnement fut introduite le 6 septembre 1881 devant le Tribunal de Saint-Amand-Montrond, une expertise étant menée par MM. DESJOBERT, Inspecteur des Forêts à Montluçon, PRUDO, ancien sous Inspecteur des Forêts, demeurant à la Charité-sur-Loire (Nièvre) et MESLET, propriétaire demeurant à Loye-sur-Arnon (Cher).
Le jugement du Tribunal de Saint-Amand-Montrond du 16 mars 1883 attribuait aux usagers 437,17 ha de bois indivis entre la commune de Meillant et les sections de Bouchailles, Segogne et Crouron de la commune d’Arpheuilles.
Un partage eut lieu en 1892, homologué le 22 janvier 1894, attribuant à la commune de Meillant, en pleine propriété, 378,31 ha de bois couvrant les Cantons de Meaulne et Bouchot. (Meaulne, dans les bois de Meillant, sur la route de Dun-sur-Auron ; Bouchot, à proximité de l’étang du même nom à Meillant ; « canton à entendre dans le sens de parcelle forestière. NDLR)

Pendant des siècles, et en absence de contrôle efficace, ces activités exercées en forêt l’ont été sans véritable souci de renouvellement du patrimoine, seul importait de cantonner les usages sur des zones limitées de la forêt, ce qui ne fut d’ailleurs pas toujours respecté.
C’est une forêt ruinée qui est soumise au régime forestier en 1883, avec en moyenne par hectare :
- 9 perches
- 43 arbres de futaie n’excédant pas 30 cm de diamètre moyen (soit 17m3/ha)
- 90 stères de bois de feu, charbonnette essentiellement, et 700 bourrées.
Par décret du 30 mai 1896, et décision du 31 décembre 1902, la forêt fut aménagée en taillis sous futaie.

- constitution d’un quart en réserve (92,34 ha) pris dans les meilleurs fonds afin de faire face au « coups durs » de l’histoire ;
- division du surplus (276,49 ha) en 25 coupes ordinaires exploitées à la révolution de 25 ans.
Ce règlement d’exploitation a été appliqué normalement jusqu’en 1979, permettant d’enrichir considérablement la forêt.
Afin d’optimiser cet enrichissement et pour faire face à l’évolution économique, technique et sociologique du XXème siècle, la forêt fait maintenant l’objet d’une conversion en futaie régulière de chêne aménagée par arrêté Ministériel du 11 janvier 1980 (voir bulletin municipal n°2 de juillet 1984).
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Comme dans la parcelle 20 du Bois Bouchot, l’histoire de la Commune reste gravée au cœur de ces chênes qui chaque année s’étoffent d’un cerne :
- fragile baliveau issu de la dernière coupe de taillis de 1955 ;
- moderne issu de la coupe de taillis de 1930 ;
- ancien réservé en 1905 ou bisancien vers 1880.

Et enfin, parmi les plus vieux arbres décrits en 1883, quelques très vieilles écorces…. dont le chêne « FOUQUET DES ROCHES » arbre remarquable qui sera conservé lors de la régénération prochaine de cette parcelle vieillie, fidèle témoin… de la naissance de la Commune de Meillant.
MEILLANT ET SA FORET
par P. JARRET, Ingénieur des Travaux des Eaux et Forêts – 1990
Extrait du bulletin municipal année 1990